vendredi 9 décembre 2011

ENTREPRENDRE



JANVIER, MOIS DE TOUS LES DANGERS: L’élection peut se jouer là 

Après un octobre rose et un novembre bleu, décembre fut bleu blanc rouge, aux couleurs d’une entrée en campagne, scandé d’accents Churchilliens, teintée du lyrisme de Henri Guaino. Elle a eu le mérite de faire découvrir aux Français la réalité de la mondialisation. Hélas, Toulon 2 fut plus une leçon de pédagogie qu’une leçon de com. La claque UMP en a fait un meeting d’un autre âge, l’électoralisme gommant la sincérité. Quel dommage que cette grande messe Républicaine n’eut pas été célébrée devant un parterre de jeunes aux sensibilités multiples. 

Cette faute de carre n’a pas empêché le Chef d’Etat de continuer de refaire son retard pour n’être plus qu’à deux points de son adversaire au 1er tour. Nicolas Sarkozy s’est Mitterrandisé, maître de la course, imposant le tempo, dictant l’agenda, menant l’offensive. Dans le même temps, François Hollande s’est Ségolènisé dans les divisions de son parti, les malversations de ses fédérations, les disfonctionnements de son organisation, l’irréalisme de ses propositions. Balloté par la vague verte en furie, malmené par les relents germanophobes et nauséabonds de son équipage, le capitaine du pédalo est passé sous la barre des 50% d’un souhait de victoire. 

Au rythme d’un faux pas par semaine, combien de temps le challenger tiendra t-il la tête ? Il n’est jamais facile d’être candidat par défaut. Attention danger ! 

Règle numéro 1 d’une campagne : on ne gagne pas une élection, c’est votre adversaire qui la perd. 

La nouvelle donne 

D’autant que la donne a changé, le match à 2 est devenu un match à 4, par l’arrivée de François Bayrou venu ajouter à la sienne l’opposition tout azimut de Marine Le Pen. Le Béarnais fort de ses 60% de bonne opinion, est entré en campagne en matador tranquille mais nanti, pour seule idée nouvelle du slogan d’un autre âge : « Acheter Français ». Curieux positionnement pour celui qui se veut l’apôtre du futur et l’Européen de référence. Nicolas Sarkozy aura beau jeu de lui rappeler que l’important n’est pas d’acheter mais de produire Français. 
Tel qu’en lui-même, François Bayrou, nous a rejoué « le Médecin malgré lui » de Molière, sans avoir intégré que la série du moment, c’est « Urgences ». Son positionnement n’a guère évolué en 3 candidatures : ni de droite, ni de gauche : en arrière. Il n’empêche, il reste inexorablement une valeur refuge pour les désorientés du vote, ces déçus des deux bords. Les Français sont ainsi faits, plus aptes à la critique qu’au rassemblement. La politique telle la nature a horreur du vide, mais le passéisme du centre peut-il espérer grignoter plus, dans la multiplicité des candidats. Mué en Chevènement de gauche, Dominique de Villepin s’est lancé, crinière au vent, en 14e partant de la course, ce n’est plus une élection mais un marathon qui s’élance. 
Embusquée, Marine Le Pen a laissé à la gauche le soin de faire monter son baromètre en relançant le débat sur le vote des étrangers. Nul sondeur ne sait à combien la coter, (certains osant même annoncer 30% de votes possibles). Elle sera jusqu’au dernier jour la fatale inconnue du scrutin. Attention danger ! 

Ignorant ces néfastes prédictions, les deux champions en lice s’affrontent selon les règles établies sur les 2 axes qui font l’élection. 
Le premier est celui de la présidentialité. Il se gagne sur les rites républicains, la mise en scène de la fonction, l’autorité, la capacité de décision, la défense intraitable des intérêts de la France, le règlement de la crise Européenne. Avantage Sarkozy. 

Hollande patauge et se tient coït, cultivant ses airs de jouer les Présidents avant même d’être élu, jusqu’à friser le ridicule, annonçant qu’il remettra en cause le traité signé par les 26. C’est Ubu roi. Se voir au 2e tour, alors que l’on n’a pas encore gagné le 1er est un péché d’orgueil qui a valu à Lionel Jospin ne doit pas faire oublier son excommunication. Mais la supériorité internationale du sortant n’altère qu’en partie les atouts nationaux de son adversaire (retraites, chômage, santé, fiscalité, éducation, pouvoir d’achat), la valeur présidentielle n’entrant pour l’heure en compte que pour 35% dans le choix des électeurs. La crise, le règlement de la dette, l’avancée de l’Europe pèseront de leur poids le jour du scrutin, mais ne suffiront pas à faire la différence. 

Ainsi, le Président de la France doit-il se muer en Président des Français. L’élection se jouera au peuple, la chasse est ouverte : l’hôte de l’Elysée est le candidat des retraités, des agriculteurs, des chefs d’entreprise. Son adversaire celui des employés, des professions intermédiaires. Aucun d’eux n’a la confiance des ouvriers dont l’héroïne reste Marine Le Pen. La première adversaire du Président sortant n’est peut être pas celui qu’on pense. Attention Danger ! 

Le deuxième axe est celui de la proximité : Au-delà de l’offre factuelle qui sombrera dans un débat de chiffre, chacun attend de cette élection un renouvellement du pacte social, un renouvellement de son rapport au collectif et aux solidarités, un renouvellement de son individualité au groupe. A chaque candidat sa réponse : La fin de l’état providence est dans tous les esprits, mais pour quel demain ? 

Les déclarations sur la gestion de la crise ne suscitent la confiance que d’un petit tiers des Français aussi attendent-ils des belligérants des idées claires et des solutions crédibles pour régler leur quotidien. Attention danger ! 

Règle numéro 2 de toute élection : On ne vote pas pour un candidat, on vote pour soi. 

La drôle de campagne 

Etrange campagne qui n’en finit pas d’oser commencer, se contentant de dénigrer plutôt que de proposer, d’alarmer plutôt que de rassurer. Nous sommes à 4 mois du scrutin, et les médias n’ont que les joutes politiques à la bouche. La Droite tape sur la Gauche, la Gauche sur la Droite, les Verts, le FN et Bayrou sur la Droite et la Gauche, c’est le Big Bang après le bling bling. Arnaud Montebourg allant même jusqu’à comparer Lang à Guerini après avoir comparé Merkel à Bismarck : l’égo même à l’égout. La politique devient un jeu de guignols. A peine la Merkozie s’était elle calmée en trouvant un nouveau deal Européen, que le spectre du triple A montrait ses dents de vampire. Nicolas Sarkozy n’aurait jamais du se plier à ce banco : on ne fait pas d’une cotation économique un talisman politique. Voici donc que sonne pour l’année qui débute le temps du concret. Les Français ont déjà intégré leur déclassement, c’est sur les mesures d‘urgence pour le contrer qu’ils jugeront leur Président. Il ne s’y est pas trompé, ses 17 jours de vœux, pour la première fois décentralisés pour mieux le rapprocher des Français, lui ont permis de les annoncer au rythme d’une par jour. Au risque de saturer, la com a ses dictacts : la multiplication des messages entraine la division de l’impact. Au Sommet sur l’Emploi changer les vœux en réalité. Attention Danger ! 

Règle numéro 3 de toute élection : on vote pour les faits pas pour les effets. 

Janvier est ainsi le mois de tous les dangers. Après une année d’autodiscipline médiatique réussie, Nicolas Sarkozy devra convaincre, et donc être plus présent, en se gardant de sur-communiquer. Il a opté pour une précampagne offensive et utile qui a stoppé la contre attaque Hollandaise, aussitôt sanctionnée par les sondages. L’entrée en campagne du héros du PS, n’innove guère dans son slogan, empruntant à 2 mots prêts celui de l’autre François, « le changement c’est (ici et), maintenant ». Ne pas avoir, en 30 ans, imaginé un nouveau slogan augure mal de sa créativité à venir. Quant au « sale mec » quelle faute de débutant. Le OFF n’existe plus depuis le « vieilli, usé, fatigué » qui assomma Lionel Jospin. Le temps est désormais compté, il reste à François Hollande 4 à 5 semaines pour convertir ses votes de rejets en vote d’adhésion. Il serait mieux inspirer de changer de registre : on adhère à des idées, pas à des insultes. Mais le pire est dans la vacuité du discours. Sa déclaration solennelle, servie par un Libération devenu tract publicitaire, est un petit chef d’œuvre du genre : 200 lignes pas une idée. Et quel drôle de choix : réserver son annonce officielle d’entrée en lutte au journal de la gauche bobo n’est pas le meilleur moyen de toucher le cœur de son électorat, les couches populaires. 

Nous voici entrés sans transition dans le dur de l’affrontement. 

François Hollande n’a pas gagné, si sa décrue persiste, elle lui sera fatale. Nicolas Sarkozy n’a pas perdu, mais il a tenté le diable qui n’aura de cesse de faire rimer TVA sociale avec TVA fatale. Etait-ce le juste moment ? Le sommet de l’emploi tranchera. Si c’est en sa défaveur, il lui restera comme dernière arme, son entrée officielle en campagne. Elle sera tardive et brève, frontale et factuelle, déterminée et déterminante. Son adversaire devra alors se « mouiller » et annoncer ses mesures chiffrées. Même un « capitaine de pédalo » ne peut éternellement passer entre les gouttes. L’antisarkosisme n’est pas une politique. Attention danger ! 

Règle numéro 4 : utiliser son temps de parole à dire du bien de son projet plutôt que du mal de son adversaire. 

A suivre donc. 



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