mercredi 4 avril 2012

Jacques Séguéla : "En traitant Sarkozy d'enfant, le PS montre que l'anti-sarkozysme est à bout de souffle"

INTERVIEW D'ATLANTICO:


"Écolier", "garçon mal élevé" : plusieurs membres du PS ont attaqué ces derniers jours le Président-candidat sous un même angle, le taxant "d'enfant". Que révèle cette stratégie de communication ?



Atlantico : François Hollande a qualifié ce week-end Nicolas Sarkozy "d'écolier". L'une de ses porte-paroles, Delphine Batho a indiqué mardi qu'il était temps de "remettre un adulte à la tête du pays". Arnaud Montebourg l'a quant à lui taxé de "garçon mal élevé". Que penser de cette stratégie du Parti socialiste consistant à résumer le Président à un enfant ? Est-ce efficace ? 

Jacques Séguéla : J’ai bien aimé la réaction de Nicolas Sarkozy qui a dit "ça me rajeunit"... Plus sérieusement, comment pourrait-on être Président de la République pendant 5 ans, avec tous les aléas que cela représente et être un enfant ? Ce qui sépare l'enfance de l'âge adulte, c’est la liberté. Nous naissons tous libres et l’éducation, la morale, les études, la société nous mettent dans un carcan. Nicolas Sarkozy reste lui un homme libre et sa campagne est libre. Celle de François Hollande est plus corsetée, il a peur des dérapages, des mots de trop. Il se réfugie toujours dans l’anti-sarkozysme alors que ce n’est pas une politique. Et en parlant "d’enfant", il fait surtout référence au Sarkozy d’hier : en cinq ans, il est devenu plus présidentiel, plus calme, plus maîtrisé, plus responsable.

Le Nicolas Sarkozy d'avant pouvait donc être comparé à un enfant ?

A 28 ans il a pris la mairie de Neuilly à l’un des éléphants du parti de droite de l’époque. Ce n’est pas un jeu d’enfant ! Sa fraîcheur, sa vivacité, cet activisme permanent ou son énergie peuvent le faire passer pour un enfant. Mais, honnêtement, c’est l’un des hommes politiques les plus intelligents qu’il m’ait été donné de voir : il comprend extrêmement vite les problèmes et en a une analyse très rapide. C’est pour cela qu’il arrive à prendre des décisions rapidement. C’est de l’intelligence au sens propre du terme, même si ce n’est pas un intellectuel.

Comment expliquer alors que le Parti socialiste l’attaque sous cet angle ?

Ils n’ont plus rien à dire. Ils tournent à vide. Et demain, quoi ? Vont-ils le traiter de fœtus ? En fait, le PS ne sait pas comment le prendre. Dans cette campagne, Nicolas Sarkozy est insaisissable. C’est d’ailleurs le seul à faire vraiment une campagne active, avec Jean-Luc Mélenchon qui mène la campagne la plus frappante. C’est plutôt la réaction du PS – une réaction de peur – qui est infantile.

L'une des porte-paroles de François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem, a indiqué qu'aucune consigne n'avait été donnée pour attaquer ainsi le candidat UMP. Est-ce envisageable qu'il ne s'agisse pas d'une stratégie de campagne ?

Il s’agit bien sûr d’un élément de langage. Le mot est donné et pour qu’il soit entendu, il faut jouer sur la répétition, comme en publicité pour que ça rentre dans la tête des gens. Mais cela correspond à de l’anti-sarkozysme à bout de souffle, contre-productif. 

Quel autre angle d’attaque en termes de communication conseilleriez-vous au PS pour attaquer Nicolas Sarkozy ? 

La première règle d’une campagne présidentielle consiste à utiliser son temps de parole pour parler de soi, de son projet, de sa vision de la France, d’une « certaine idée de la France » comme le disait De Gaulle. Il faut positiver comme l’on dit dans la publicité !

Propos recueillis par Aymeric Goetschy

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