jeudi 28 mars 2013

Hollande à la TV ce soir : les conseils de Séguéla, Cambadélis, Riester...

Edité par Michel Veron et Renaud Pila

Un communicant d'expérience, un sondeur, un ténor PS et un député UMP expliquent à MYTF1News comment le président pourrait réussir son émission ce jeudi soir sur France 2.

Jacques Séguéla : "C'est mission impossible, il faut prendre des risques"

"Cette émission, c'est mission impossible. Donc il faut prendre des risques et les maîtriser. Il faut réussir le grand écart entre présidentialité et proximité. La forme est très importante car c'est le haut-parleur du fond. La chemise blanche est de rigueur, avec un costume marine sombre qui est la touche de fantaisie. Pas de costume noir. Avec cela, une cravate rouge. Sur le lieu, l'Elysée n'a pas voulu prendre de risques en choisissant un plateau de JT classique. Il fallait innover, comme Mitterrand l'avait fait au grand amphithéâtre de la Sorbonne en pleine crise de l'Europe. 

La gestuelle a également une grande importance. Pour rappel, c'est 75% de ce que les gens retiennent, le contenu arrive bien après. Il faut une tenue assez présidentielle, mais sans se prendre pour le président. Rester décontracté.François Hollande doit se garder de tout mimétisme mitterrandien, comme il le faisait au début. Il doit être lui-même, plus pénétré et plus habité. Mais il ne faut pas surjouer l'émotion. Evidemment, éviter les petites blagues mais rester en même temps vibrant. 

Sur le fond, François Hollande doit parler de destination plutôt que de cap. Vers quelle France allons-nous ? Il faut mettre en cohérence ce qu'on a fait et ce qu'il reste à faire. Avec des objectifs et des exemples, pour que cela parle aux gens. Enfin, dans les 5 dernières minutes, François Hollande ne doit plus parler aux Français mais à la France. Il faut s'élever. Seul Mitterrand savait très bien faire ça, avec des éclairs de fulgurance."


Jérome Sainte-Marie (sondeur, CSA) : "Il doit redevenir homme de dialogue"


"Première chose, il y a une attente forte des Français. Et si François Hollande se contente d'effets d'annonces, il court le risque de cristalliser durablement un fort mouvement d'exaspération et de rejet. Ensuite, il doit rompre avec son calme, sa bonhomie, sa tranquillité qui contrastent avec la situation du pays et l'inquiétude des Français. 

Il y a par ailleurs une urgence à rassurer l'opinion sur les exigences de la finance. Depuis la crise bancaire à Chypre, une inquiétude supplémentaire sur la pérennité de l'épargne s'est développée. Durant sa campagne, François Hollande avait tout de même désigné la finance comme un ennemi, donc il doit montrer qu'il a un vrai discours contraignant dans ce domaine. C'est d'ailleurs en adoptant la posture du héraut de la régulation de l'économie mondiale que Nicolas Sarkozy avait réussi à retrouver une certaine popularité en 2008, quand la crise a éclaté. 

Pour y parvenir à son tour, François Hollande n'a pas besoin d'aller très loin sur sa gauche, mais il doit démontrer que le pouvoir politique national peut encore rivaliser avec le monde de la finance. Enfin, il devrait s'employer à rétablir son image d'homme de dialogue qui a été entamé par les images de Dijon, et plus gravement par les manifestations, dimanche dernier, contre le projet de mariage pour tous. Lui qui avait fait une campagne où il s'était affirmé comme un homme de dialogue et d'écoute, avec le contact facile, il est en train de perdre cette image et donne à présent une impression de rigidité, en particulier sur les questions sociétales. Il doit donc rassurer une partie de l'électorat, notamment le monde catholique, en disant certaines choses sur la PMA par exemple."


Franck Riester, député UMP : "Il faut définir une stratégie économique"


"Il faut un ton solennel. François Hollande doit montrer qu'il prend la mesure des difficultés du pays. Pour que l'impact soit maximal, il faut que le fond soit à la hauteur de la forme. Il ne peut pas une fois de plus faire le service après-vente des mesures type contrats d'avenir, contrats de génération et cie.. Si c'est ça, la déception va être très grande et très violente. 

François Hollande n'a pas le choix, il doit donner le sentiment aux Français qu'il a une politique économique et sociale claire. Avec des étapes et une issue. Depuis le départ, il n'a pas défini quelle était sa stratégie économique. Du coup, personne ne voit la cohérence de son action. Du coup, les Français sont très inquiets pour l'avenir et le pays est à l'arrêt. Pour que ça se débloque, les gens doivent se dire : nous avons une stratégie et nous sommes gouvernés". 


Jean-Christophe Cambadélis, député PS : "Il faut qu'il reste lui-même"


Il faut que François Hollande n'évite aucun sujet. Quitte à devancer le journaliste : "Mais je sais bien que les gens disent ceci ou pensent cela... " C'est une manière de dire que l'on reste en contact avec les Français. Il faut aussi que le président refuse "la tentation punitive", c'est à dire les réformes trop brutales. Pour faire plaisir à quelques-uns ou aux médias, le président ne va pas jeter des millions de gens dans la rue. 

Sur le fond, il faut répéter qu'il a un cap. La communication, c'est la répétition. En termes d'attitude, il faut qu'il reste lui-même. Commencer à vouloir jouer le général de Gaulle ou Churchill, ça ne marche pas, contrairement à ce que certains lui conseillent. 

Nous sommes dans un moment intermédiaire où les mesures que nous avons prises n'ont pas produit leurs effets. Où l'Allemagne est au bout de son cycle mais n'a pas encore bougé sur la nécessité de la croissance. Où nous travaillons à la sortie de crise alors qu'elle bat son plein. Nouvel équilibre budgétaire, nouveau contrat social, nouveau pacte industriel, voilà ce qu'est le but du quinquennat".


Alain Duhamel, éditorialiste


"S'il est franc il sera impopulaire, s'il est habile il ne sera pas forcément populaire non plus", analyse Alain Duhamel sur LCI. Pour lui, François Hollande doit choisir "un ton et une stratégie" jeudi soir à la télévision. 

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