lundi 13 février 2012

ENTREPRENDRE

Carnet de campagne: Sarkozy va gagner


  Il est des signes qui ne trompent pas. Dès le premier sondage (BVA) de son entrée en campagne, la nuit même, l’écart avec son adversaire se réduisait (FH -3% / NS +1%), prenant en cette occasion 4 points, ce que confirmait l’IFOP (29 % / 26%). Deux jours plus tard, la courbe de la dynamique, ce pouls de la campagne s’inverserait à son tour (FH -7 / NS +10). 
L’examen d’entrée était réussi. Dès le 20 Février, l’étau se resserrait encore : FH 29 / NS27. Le Président Sarkozy devenu Nicolas Président, prenait 6 points en une semaine. Une première dans la Vè République. Et si nous revivions la séquence Balladur / Chirac de 1995, où tel est pris qui croyait prendre ? 
Les sondages sont comme les hirondelles, seule leur multiplication fait le printemps, mais ils sont des énergiseurs. Voici soudain la droite requinquée, la gauche ébranlée, et dans l’air comme un air de 2007. Le Président, descendu de son Olympe, retrouvait son terrain d’élection, la rue. Enfin lui-même, avec cette écoute, cette attention, cette estime portée aux gens qui en a fait, voici 5 ans, le Président du peuple. 
Dégagé du carcan des servitudes et des lambris Elyséens, l’homme d’Etat redevient l’homme, un homme libre à l’écoute des Français, armé d’idées nouvelles pour répondre à leurs angoisses et leurs attentes. 
Cette rencontre, il l’a intériorisée, pensée, préparée, depuis des mois. Il en fait le grand défi de sa vie. Blessé par tant de mauvaises querelles, de jugements faussés, d’invectives excessives, il veut rétablir sa vérité et sa volonté intacte, de sortir définitivement la France de la crise. Qu’elle retrouve ses emplois et sa croissance, son allant et son talent, sa fierté et sa joie de vivre. 
Mais comment expliquer cette « fracassante entrée en campagne » comme le titre le Figaro, avec son habituel excès d’amour Sarkozien ? 

C’est la loi du plus star 
  La sérénité Elyséenne qui rêvait d’une accalmie sondagère jusqu’en Mars, a du précipiter les choses. Le match à 4 n’aura duré que ce que durent les roses, les Français veulent voir la finale le plus rapidement possible, les seconds rôles ne les intéressent plus. Ni Marine Le Pen, ni Bayrou et moins encore, les autres concurrents n’ont droit à leur écoute et donc à leurs votes. Les médias faisant l’élection, c’est la loi du plus star. Audience exige. Le temps de parole accordé par nos télévisions depuis le début de l’année, est proprement scandaleux. François Hollande : 65 h, François Bayrou : 22 h, Hervé Morin : 4 h. Rideau sur les vedettes de première partie, le show ne commence qu’avec les têtes d’affiches. Dès lors, la stratégie Sarkozienne se dévoile sur ses 2 fronts. Action sur les reports, son grand handicap de second tour, les électeurs du Modem ne se ralliant qu’à 37% et ceux du Front National à 44%. Face à Marine Le Pen : à droite toute et cap sur la raideur (immigration, assistanat, mariage gay, chômeurs). Face à François Bayrou, au centre toute et cap sur les valeurs. 
Quelle incohérence ce second tour si favorable à François Hollande, alors que la France est à droite à 57% contre 43%. D’où la question, pourquoi voterait elle à gauche ? 
  La raison est claire : le rejet du Président. C’est son second front : cette campagne n’est pas le match Sarkozy / Hollande mais Sarkozy contre Sarkozy : c’est sa faiblesse et sa force. L’anti-Sarkozysme n’est ni un politique, ni un projet pour la France. A en faire sa seule arme de combat, la gauche étale son cuisant manque d’idées. Son candidat fait du surplace sur le plan programmatique comme ayant déjà brulé ses cartouches et ne sachant répondre aux propositions de son adversaire que par des rafales de haine. Charge donc à lui de savoir se faire aimer. 

Un projet face à la vacuité 
L’affrontement se joue entre le Président de la France, qu’incarne NS et le Président des Français, image de FH. En sortira vainqueur celui des deux qui mordra le plus sur le terrain de l’autre. François Hollande, échoppe sur la présidentialité, il peine à trouver une légitimité internationale, et pour cause, quelle expérience en a t-il ? Saura t-il convaincre les électeurs que ce manque n’est pas rédhibitoire. 
Nicolas Sarkozy accuse un déficit de proximité, à lui de briser cette gangue de désamour qui le rend inaudible. Les Français n’aiment pas leur Président, mais le candidat semble retrouver le chemin de leur cœur. 
Là est son défi. Si la campagne se limite à un référendum pour ou contre Sarko, il la perdra. Mais en déplaçant les champs de bataille du terrain de l’anti-sarkosisme (dérisions, désinformation, décridibilisation), vers celui et d’une vision pour la France, il s’impose. Normal, les temps sont trop graves pour les traiter par la rancoeur et le persiflage. Nos « chers compatriotes » sont lassés de ce combat de chiffonniers. Ils attendent de leurs politiques une autre hauteur de ton. Et plus que tout, des idées neuves. 
D’ailleurs, son duo avec la chancelière Allemande, n’a pas convaincu, l’audimat en témoigne (700.000 téléspectateurs sur la 2, moins que le journal habituel). 
S’afficher à la messe de 20 heures avec Angela Merkel, en Directrice de campagne d’un soir sert le Président mais sert-il le candidat ? Les électeurs ne veulent entendre que les solutions à leurs problèmes quotidiens, le pacte Franco-Allemand c’est de l’histoire, eux sont dans le présent. 
La différence se fera sur la révélation d’un vrai projet face à la vacuité des autres candidats. Les premières idées ont déjà été avancées face au chômage, face au logement, face aux banques, il en faudra plus pour inverser l’inclinaison de l’opinion. 

L’atout Sarkozy 
  Curieuse cuvée électorale que ce cru 2012 : les Français se sont détournés de Sarkozy, mais n’ont guère de passion pour Hollande. Nous sommes dans une élection de rejet, du système et des hommes qui l’animent. La démocratie aurait elle ses limites, rendant cet esprit frondeur qui est le notre, ingouvernable. Mais en temps de crise, un vote n’est pas un rejet mais un espoir. C’est l’atout Sarkozy. 
Cette élection a commencé le 15 Février au soir, sur le plateau de TF1. Le candidat Nicolas a sifflé la fin de la récréation et sonnée le va-tout, des deux adversaires forcer de jeter leurs idées, leur courage, leur authenticité dans la bataille. L’un avec un jeu neuf, l’autre ayant déjà dévoilé ses coups et donc ses faiblesses. Et d’abord cette fâcheuse tendance à se proclamer Président avant même d’avoir combattu. Il n’empêche, l’humeur nationale reste au « Changement Maintenant ». Mais pour combien de temps ? Pour Nicolas Sarkozy, plus aucune faute n’est permise. Aller à la rencontre des Français, il n’a jamais cessé de le faire en Président sans en être gratifié, le réussira t-il en candidat ? L’élection se jouera au peuple. Projet chiffré contre projet chiffré, pas d’idéologie (thème de temps de vaches grasses), des idées (thème de temps de vaches maigres), vision contre vision, livre contre livre, front contre front, d’homme à homme. 

Réarmement moral réussi 
  En France, tout finit par une chanson, en campagne, tout commence par un slogan. Montre moi ton affiche, je te dirai qui tu es : le candidat Sarkozy a tiré le premier. Et réussit son tir. Quelle belle affiche dans la tradition des années 80, à mi-chemin de la Force tranquille Mitterrandienne et son ciel bleu blanc rouge, et de celle de Jacques Chirac sur fond Bleu de France. Une affiche rassurante et rassembleuse face au slogan clivant du changement maintenant. Nicolas Sarkozy sur la grève regarde l’avenir en face. En commandant du navire France, il montre le cap et nous rassure. Paul Valéry disait « Il est trois sortes d’humains : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la Mer ». Un Président doit être de cette race. 
Sa première conférence de presse a donné le ton : proximité, authenticité, vérité, simplicité, humilité, autorité, responsabilité, pugnacité. Un Français parmi les Français pour une campagne qu’il souhaite joyeuse, jeune et moderne. Une campagne du XXIè siècle face à celle du XXè que mène inexorablement la gauche. Erreur d’aiguillage : le futur a de l’avenir, le passé est passé. 
Erreur de communication, tout aussi fatale. A trop vendre la peau de Sarko avant de l’avoir tué, la gauche risque de déchanter. Le fighter a retrouvé son punch de 2007. Dès son premier round, il a décroché un uppercut qui a fait mouche, traitant de menteur un François Hollande, ventant dans la presse anglo-saxone, ses mêmes banquiers qu’il pourfend chez nous. Résultat, le soir même à la messe du 20 heures de Laurence Ferrari, le chantre de la gauche, empêtré dans les contradictions, est apparu en dénigreur méprisant. Rien pour inspirer l’amour des Français. Une élection ne se gagne pas dans la polémique mais dans la dynamique. Le meeting Marseillais dans une vibrante déclaration d’amour à la France a vu le Président d’hier en challenger d’aujourd’hui se présenter, ses valeurs au cœur, en candidat de tous les Français. Et réussir le réarmement moral de ses troupes. Que cette clameur de victoire de la salle du Prado dépasse les murs de l’UMP, et « tout devient possible ». 

Certes, rien n’en joué, le combat sera sans merci, hésitant jusqu’à la dernière heure. 40% des Français n’ont pas décidé de leur vote : un sur sept le fera au moment même de glisser son bulletin dans l’urne. Nous allons vivre un temps haletant à l’humeur changeante, au gré des avancées des reculs sondagiers, mais ce 15 Février et son inversement de tendance comptera dans le scrutin. 

Je prends le pari : Sarkozy va gagner. 

A suivre donc. 



Jacques Séguéla 

Le 20 Février 2012.

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