Dans une tribune libre accordée au Journal des entreprises, le publicitaire Jacques Séguéla part en guerre contre la morosité qui ronge une société française secouée par la crise.
"La France est à bout de souffle, rongée par un asthme sociologique que nul corticoïde économique ne sait guérir. Le pouvoir n’est nulle part, la politique se dépolitise, la justice se médiatise, l’Église pèche, l’entreprise n’a plus de prise, et lorsque la rue s’en mêle, elle s’emmêle. Notre société se bipolarise, non plus entre droite et gauche, qui ne signifient plus grand-chose, mais entre vrais « réacs » et faux modernes. Les premiers s’accrochent à leurs privilèges, s’arc-boutent sur leurs acquis, s’immobilisent, se nombrilisent. Les autres-penseurs, réformateurs, agitateur - veulent sauver le monde, un monde qui tourne sans eux.
On devrait craindre le pire, j’y vois le meilleur. Nous manquons de cœur, de leaders, de projets, mais pas de panique. Ils couvent sous la cendre de la crise, ils vont s’attiser et nous entraîner dans l’aventure du IIIème millénaire, la plus fascinante qu’il ait jamais été donnée de vivre. L’esprit de renouveau est là, souterrain mais vivant. Courage, ne fuyons pas !
Déprime, je refuse ce mot. Il est temps de tourner la page d’une société paralysée. Nous ne sommes jamais aussi forts que lorsque, acculés nous déclenchons notre instinct de survie. C’est la déprime… merci la déprime. Au pied du mur comme du millénaire, il nous faudra bien muter ou mourir. Et l’homme n’aime pas mourir.
La France est notre chance, cessons de nous apitoyer sur nos faiblesses, valorisons nos forces. Elles sont légion : une génération mutante en charge de bâtir un autre monde, une féminisation des valeurs bouleversant le sens du pouvoir, un réveil de l’innovation et de la créativité, une alterconsommation de plus en plus partagée et responsable. Une nouvelle société s’invente et nous donne plus de raisons d’espérer que de craindre. Il suffit d’ouvrir les yeux et de croire en nous.
Les optimistes ont inventé l’avion, les pessimistes, le parachute. Restons dans le super-jet made in France."
Jacques Séguéla
(« Merde à la déprime », livre à sortir le 15 mai aux éditions Jean-Claude Gawsewitch)
Bien heureusement l'une des lois essentielles de la nature, qui nous régit, est celle de la survie. Elle éveille tous nos sens face au danger et nous contraint à utiliser nos cerveaux endormis. Car la surconsommation et l'aisance matérielle nous poussent égoïstement à ignorer ce qui nous entoure et à se laisser instrumentaliser au profit d'intérêts mercantiles. Alors soyons optimistes car nous devons plus au jamais utiliser la conscience qui nous caractérise.
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