mercredi 30 avril 2014

Jacques Séguéla à L'Agora: la passion de la publicité Par la Croix du Nord



Jacques Séguéla s’est rendu à la tribune étudiante de l’EDHEC Business School pour discuter avec les étudiants de son parcours professionnel, de la publicité et de l’influence de celle-ci sur la société.

« Au XXe siècle, plus on a communiqué, moins on s’est parlé. Nous avons fabriqué une société de solitude. » Un repli sur soi s’est développé avec les nouvelles méthodes de communication et de distribution, qui ont poussé les gens à moins partager et à se recentrer sur eux : « Du tous égaux, on est passé au tous ego. » Ce repli sur soi est, selon l’invité, à l’origine d’une déprime générale. Jacques Séguéla s’est donc d’abord exprimé pour dire Merde à la déprime – titre de son dernier livre – qui touche les Français.

Après un portrait plus ou moins accablant de la France et des Français aujourd’hui – « La France est le pays où le taux de suicide est le plus élevé du monde » – il a livré ses 5 antidotes à la déprime : être optimiste, passionné, croire en la nouvelle génération, en la nouvelle société et tuer le machisme.

C’est surtout sur la passion, et sur sa passion de la publicité que Jacques Séguéla a insisté. « La communication, c’est transformer l’eau en printemps : c’est donner de la valeur ajoutée à un produit simple. » La définition reste la même, mais la manière de faire évolue. Si les publicitaires créaient un slogan à introduire dans l’esprit des gens dans les années 70, internet impose aujourd’hui une stratégie horizontale, les informations se diffusant par ondes.

Mais si internet a imposé des changements dans le monde de la communication, sa saturation en publicités et sa capacité à générer des données sur tous les consommateurs – utilisées par les publicitaires – le rendent moins crédible qu’avant : « Le consommateur se sent piégé ». Au-delà du « viol de l’intimité », dénoncé par Jacques Séguéla, qu’entraîne la création de cette base de données, c’est parfois le caractère mensonger de la publicité qui est pointé du doigt. Sur cette question, l’invité a été clair : « Un bon publicitaire ne ment jamais : un produit ne se vend pas parce que la publicité est réussie, mais parce que c’est un bon produit. »

Quant à son rôle de communicant pour les hommes politiques, Jacques Séguéla ne pense pas qu’il soit essentiel d’adhérer complètement aux idées politiques, tant que l’homme politique est démocrate, honnête et a la volonté de faire avancer son pays vers la modernité. À ce sujet, il a également témoigné d’une réelle évolution depuis les années 80 dans la communication des hommes politiques, qui ont pris conscience de son importance à partir de la première campagne de François Mitterrand – première campagne professionnelle.

C’est finalement un discours ambivalent que nous a livré Jacques Séguéla, accablé par la France en laquelle il porte pourtant tellement d’espoirs, et invitant les jeunes, une Rolex au poignet, à ne pas courir après l’argent.

Marie Guiony

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